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Partir en forêt profonde

Lorsque l’on est à plus d’une journée de marche d’une route ou crique habitée, on est en « forêt profonde »

Article mis en ligne le 18 juillet 2018
dernière modification le 3 novembre 2021

 Randonner en forêt profonde ?

On entend par foret profonde, tout lieu à plus d’une journée de marche d’un lieu comme piste, crique, rivière habitée...
En Guyane, en forêt profonde, on ne randonne pas. La jungle n’est pas un lieu de randonnée, il n’y a pas de pistes balisées, pas de lieux touristiques à contempler. C’est un des derniers bastions de la nature et les lois de l’homme n’y ont pas cours. On y vit avec les lois de la nature et on ne peut pas tricher avec elle. On est fort et apte et tout va bien, on ne l’est pas et on disparaît... C’est une terre d’aventures où au-delà de la découverte d’un univers fascinant, la jungle, on se découvre avant tout soi-même. La moindre erreur peut être fatale, à vous ou à vos compagnons et aussi à ceux qui vont vous secourir. On est bien loin de la randonnée sur les GR français... On progresse, on layonne, on fait le point, on avance, tous sens en éveils pour déjouer les dangers permanents qui nous guettent, on souffre, on doute et on évite tous les faux pas. La survie n’est jamais acquise et seule une bonne connaissance du milieu et de ses dangers permet d’en éviter les pièges et de s’y mouvoir sans problèmes. Peut-on alors parler de randonneurs et de randonnées dans des conditions où l’on peut se retrouver en situation de dangers extrêmes ou de survie à tous moments ?

 La préparation du raid :

  • On doit acquérir de l’expérience avant d’envisager d’affronter la jungle profonde. J’ai fait les stages Cefe 9, survie et plusieurs mois d’expédition à l’armée pour apprendre les bases.
  • On part avec plus de vivres qu’il n’en faut et bien préparé. On ne sous-estime pas la forêt et on ne surestime pas son expérience. Face à la jungle, on apprend la modestie…
  • On part avec l’indispensable, pas de superflu. Le poids est l’ennemi numéro un et mieux vaut avoir de la nourriture que des choses inutiles.
  • On marque sa progression de manière efficace pour retrouver le chemin si l’on est contraint de faire demi-tour ou pour favoriser les recherches.
  • En forêt, en layonnant, on peut avancer de 6 à 8 km par jour selon le type de terrain. L’orientation est difficile, mais pas impossible, les cartes sont difficiles à suivre. Il m’est arrivé de compter 5 collines à escalader là où la carte n’en montrait que deux... et autant de marais infâmes à traverser, non indiqués sur les cartes... Pour s’y retrouver une seule méthode fiable et traditionnelle, le topofil et boussole et les connaissances idoines pour les utiliser et une méthode pratique, le GPS mais en cas de panne tu es mal... Par où repartir, continuer ? Ce genre de matériel tombe vite en panne. On prend un GPS étanche, antichoc, avec piles rechargeables et chargeur solaire pour la charge des piles. On ne se repose pas sur la technologie. On étudie les cartes papier, on y reporte sa route et on est capable d’utiliser une boussole si le Gps lâche.
  • Le doute et la panique sont les pires ennemis du broussard. Les amis se déchirent et cela arrive plus vite que l’on pense. On part préparé au pire avec des équipiers fiables sur qui l’on peut réellement compter et jamais seul. Il est judicieux d’avoir déjà testé ses équipiers dans des conditions de raid difficile avant afin de mieux les connaître. Personnellement, j’écarte les personnes dépendantes d’une drogue quelconque, alcool, tabac… ou ayant un caractère difficile.

 La préparation des raideurs

Avant de partir faire le Robinson 10 ans en forêt, je me suis tapé 15 mois d’armée à Loubère, fait 2 expéditions d’exploration puis vécu avec des Indiens longuement pour acquérir les bases ! Malgré cela, j’ai failli mourir des dizaines de fois et en forêt rien n’est jamais acquis et chaque jour amène son lot d’aventures.

J’ai connu des bonshommes qui ne payaient pas de mine, calmes discrets, ils pouvaient vivre des mois en forêt seuls avec une poignée de cartouches et un sac de couac... prospecteurs miniers, forestiers, c’étaient des personnes qui avaient acquis leur expérience sur des années auprès d’anciens bagnards, Indiens et autres broussards et non pas en quelques randonnées…

Partir en « hors-piste » dans des zones inhabitées et ou aucun secours n’est à attendre ne s’improvise pas. Face à la forêt, il faut de l’humilité et de réelles connaissances pour s’en sortir sans bobos.

On ne peut pas partir en forêt profonde avec une expérience livresque ou de randonnée classique. Il faut avoir acquis les bases sur le terrain avec quelqu’un qui possède de réelles connaissances et qui pourra ensuite vous initier sur le terrain et l’apprentissage est long. Attention, en Guyane tout et son contraire se racontent et démêler le vrai du faux n’est pas facile... Vous rencontrerez 100 mythomanes et broussards d’opérettes pour un qui a de réelles connaissances... certains écrivent même des livres où ils font état d’un savoir qu’ils n’ont pas. Ces charlots peuvent vous mettre en danger et vous laisser tomber au pire moment...

J’ai connu un zonard de Mana qui se disait guide de jungle et qui a abandonné deux touristes en pleine forêt, car ils étaient malades, ils s’en sont sortis par miracle, trouvé par un prospecteur forestier. Sans lui, ils étaient mort. Un autre à Saül a terrorisé un groupe de touristes, des amis, avec des accès de paranoïa, des visions, des délires. Les touristes terrorisés ont écourté leur séjour en forêt. Quelques heures plus tard, le guide blessait son ’’apprenti guide’’ d’un coup de fusil de chasse avant de l’achever à la machette...

La jungle est dure et certains hommes qui y vivent sont de vrais animaux sauvages, dépourvus de tous principes moraux et ce qui est effrayant c’est que lorsque l’on ne les connaît pas ils peuvent paraître charmants et sympathiques !

Avant de s’aventurer en forêt, il faut en être conscient, être tout sauf naïf et prêt à en payer le prix.

Le meilleur y côtoie le pire, c’est vous par vos aptitudes et vos décisions qui ferez la différence entre un séjour merveilleux dans un temple de la nature ou une descente dans les abysses de l’enfer vert...

Tous les participants doivent être en bonne forme, apte à survivre, avoir un moral d’acier, savoir tout faire comme construire un bivouac, chasser, pêcher, soigner, cuisiner... et maîtriser tous les autres arts indispensables à la vie en nature sauvage.

 La sagesse...

La majorité des « Broussards » se contentent d’aller dans des zones « balisées » comme suivre des fleuves ou rivières, en zone semi-habitée, suivre des pistes ou d’anciennes pistes avec des personnes déjà initiées et limitent ainsi considérablement les risques. La forêt y est aussi belle, accessible et en cas de pépin, les secours facile.

Les voies d’eau, criques, rivières peuvent faciliter la pénétration en forêt profonde mais elles sont parfois très encombrées

Patawa sur l’Oyapock

Bivouac en pataoua sur l’île Massiriki

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